mardi 28 mai 2013

L'heure du loup

Une histoire n'est pas toujours ce qu'elle prétend être à la lecture de ces premières lignes. C'est le cas de cette nouvelle dont voici un extrait:


" C’est alors qu’en portant la tasse à mes lèvres, je daigne enfin diriger mon regard vers l’éphèbe que je devine impatient de le croiser. Ils sont tous pareils. Et les années de chasse ne font que confirmer cette certitude invraisemblable qui ne cesse d’alerter les mères inquiètes de laisser leurs rejetons mâles dans la nature : la provocation est une seconde nature chez ces adultes en devenir. Puis je me délecte d’une gorgée de cet excitant breuvage. Je sors une blonde du paquet que je viens de jeter négligemment sur le faux marbre. Farfouille en quête d’une boîte d’allumettes que je ne trouve évidemment pas. Le fer est chaud. L’appât au bout de l’hameçon. La proie bientôt prise au piège. Je ferre.

  • Veuillez m’excuser de vous importuner, mais auriez-vous du feu, s’il vous plaît ? J’ai dû oublier mes allumettes sur le coin de mon bureau.
  • Désolé, je n’fume pas.
  • Ne soyez pas désolé. C’est une vilaine habitude dont je n’arrive pas à me débarrasser. Et à mon âge…
  • Vous ne semblez pas si vieux.
  • Fort aimable à vous ! Et pousseriez-vous l’élégance jusqu’à supposer un âge plus en accord avec celui que vous me donnez ? "

    Pour en savoir plus sur les plans d'ÉLYAS: L'heure-du-loup

lundi 8 avril 2013

Quand l'inspiration est au rendez-vous

Voici le texte du jour, une nouvelle toute fraîche inspirée par le poème "Les morts" de Thierry Demercastel. Ses vers m'ont insufflé les lignes qui suivent les allées tranquilles du Père Lachaise. Une autre vision de la mort ou de la vie... peut-être! »
Extrait:
"C’est l’heure à laquelle l’ombre des chats jouent à cache-cache avec les derniers rayons du soleil. Les rumeurs de la ville s’apaisent et seuls les croassements des corbeaux accompagnent les miaulements errants. Quelques égarés, quelques cœurs meurtris cherchent encore la sortie. Sur les graviers blancs, les pas se précipitent et l’angoisse résonne à chaque nouvelle enjambée. Bientôt les grilles se referment. La vie d’en haut s’achève. Celle d’en bas prend le relais. Paisiblement.


Malgré les décennies écoulées, je me souviens de tout cela. Mon âme apaisée a conservé le souvenir de ma précédente existence. Et je me plais à croire qu’au-dessus, on ne m’a pas oublié. Même si mon cœur ne bat plus, même si mes yeux ne peuvent plus voir, je ressens chaque vibration, chaque pulsation, le moindre mouvement dans une étrange tonalité à laquelle je pensais n’avoir jamais accès."
La suite: Par-delà les allées tranquilles
Et puis, hier dimanche, un texte plus court mais pas forcément plus léger. À vous de juger!
Extrait: 
"Derrière un buisson, un soldat embusqué attend les ordres. À quelques pas de lui, une tourterelle en équilibre sur la branche d’un merisier lisse son plumage. Pendant quelques secondes, l’homme et son barda, harnaché tant bien que mal, s’extasie sur la beauté de la nature en cet instant tragique. La toilette de l’innocente colombe le réconcilie avec sa condition d’homme et il oublie le boucan des machines de guerre."
La suite: Le soldat et la tourterelle

samedi 23 mars 2013

La rédemption d'Adanaë

Voici un texte fantastique et métaphorique pour un voyage au coeur de l'inconscient.

Un premier extrait:
"Je venais de fêter mon vingtième anniversaire avec mes potes et j'avais une sacrée gueule de
bois lorsque je me présentais à l'école de La Rédemption. Les études m'ayant lâchement abandonné,
il me fallait trouver un job pour subvenir à mes besoins. En outre, mes parents avaient décidé d'un
commun accord avec eux-mêmes qu'ils ne mettraient plus la main au porte-feuille. Je n'avais donc
pas d'autre choix que de travailler. Si possible sans trop me fatiguer.
L'annonce du journal précisait : « recherchons jeune homme sérieux pour surveiller l'étude,
accompagner les enfants dans leurs devoirs et assurer le bon fonctionnement du pensionnat dans son
intégralité. » Je ne savais pas ce que signifiait « dans son intégralité », mais le portrait du postulant
potentiel me convenait. Après tout, je n'étais pas connu des frères ayant suivi toute ma scolarité
dans le public et surtout dans une autre ville, à l'autre bout du pays. Aucune chance donc qu'ils ne
découvrissent ma vraie nature. Malgré les coups martelés par mes kangourous intérieurs, je pariais
sur ma bonne mine. À n'en pas douter, les religieux me donneraient sûrement le Bon Dieu sans
confession. Et s'il eut fallu me confesser, je n'étais pas en peine d'imagination pour m'inventer
quelques péchés véniels facilement pardonnables. Ce fut donc avec un aplomb certain que je
poussai la lourde porte d'entrée du monastère."



Un deuxième extrait:
"Tout aurait été parfait s'il n'y avait eu, la nuit, quelques bruits étranges pour effrayer les plus
jeunes pensionnaires, quelques anecdotes colportées par les plus grands qui avaient prêté foi aux
délires de frère Yvon. Ce dernier m'avait fichu une paix royale depuis mon installation dans le
pensionnat. Nous nous croissions parfois dans la journée au détour d'un couloir ou d'une allée mais
jamais il n'avait plus manifesté l'envie de me mettre en garde comme il l'avait fait si curieusement le
jour de mon entretien d'embauche. Cependant, son avertissement résonnait souvent en moi au
moment du coucher. Il m'était même arrivé de me réveiller en sursaut sentant sa présence à mes
côtés. C'était toujours le même rêve. Le même flashback effrayant."



Le texte en intégralité:La rédemption d'Adanaë sur Atramenta.net